L’attaque suicide des avions de Midway
rideau
attaque suicide à midway

« Avions ennemis en vue », Les vigies japonaises viennent d'apercevoir les premiers appareils américains arrivant de Midway. L'ordre d'attaque des formations diffère selon les sources, japonaises et américaines. Ce qui ne varie pas, cependant, c'est le sort que leur réservent les 18 Zéro maintenus en couverture de l'escadre et les batteries antiaériennes de Nagumo.
Par tribord des navires arrivent les 6 torpilleurs Grumman Avenger menés par Fieberling. L'appareil est nouveau et n'a encore jamais été testé sous conditions opérationnelles. Fieberling a donné l'instruction d'ouvrir les trappes de soute avant l'attaque pour éviter qu'elles ne soient victimes d'une panne hydraulique. Trois appareils sont descendus avant même d'avoir pu lancer leur torpille. Deux autres subissent un sort identique après avoir lancé la leur. Le sixième, piloté par Earnest, sera le seul survivant. Son mitrailleur arrière a été tué dès le début de l'attaque, son radio a perdu conscience et Earnest a été lui-même blessé dans le cou et saigne abondamment. Sa situation apparaît désespérée. Comprenant qu'il ne pourra jamais s'approcher d'un porte-avions, il lance sa torpille contre un croiseur; elle ne touchera pas sa cible. Il réussit à s'échapper. Il n'a plus ni système électrique, ni système hydraulique (il ne peut pas fermer les trappes de la soute), ni compas, Seuls le moteur et le pilote fonctionnent encore ! Naviguant à l'estime, il parvient à regagner Midway, où il se pose à 9h40.

attaque midway

07h05 — L'attaque des B-26
Se présentent ensuite les 4 B-26 par babord des porte-avions Akagi et Kaga. Aucun équipage n'a jamais lancé de torpille et les pilotes ont reçu une instruction des plus sommaires de la part des spécialistes de l'US Navy. Colins et les Lieutenants   Mayes,  Watson et  ont décollé pour une mission-suicide et ils le savent. Melo, radio du B-26 piloté par le Lieutenant Muri (2eme à genoux à gauche), a vécu cette mission aux premières loges :
  En quelques minutes nous étions en l'air Je suis resté devant ma radio pendant un court instant et je suis ensuite installé à mon poste de tir latéral. Ashley était déjà derrière sa mitrailleuse de queue et Gogol  a grimpé dans sa tourelle. Nous étions tous prêts. Le tari du Lieutenant Mayes était sur notre droite et on était en train tout doucement de le dépasser. On s'est fait des signes de la main avec Battaglia dans sa tourelle et Roy Walters dans la queue.
 Ce devait être une heure plus tard quand Muri nous a dit dans l'interphone de nous tenir prêts car la flotte était devant nous. Nous savions quel type de bateau nous roulions toucher, car la nuit précédente on s'était tous mis d'accord pour se payer un porte-avions. Maintenant le Lieutenant Muri et tous ceux qui étaient devant avaient une vue imprenable sur toute la flotte : 4 porte-avions flanqués par des cuirassés, des croiseurs et des destroyers. Nous devions traverser tous leurs feux pour aller chercher ce porte-avions. Pas beaucoup de temps pour réfléchir. Le Lieutenant Muri a mis une nouvelle cigarette à ses lèvres et Moore a placé le viseur du lance-torpille en position. Ils étaient prêts.
 Nous avons perdu progressivement de l'altitude afin de ne pas prendre trop de vitesse. Ce fut alors que le Lieutenant Muri a aperçu les taxis de la marine qui venaient de faire la première attaque à la torpille. Ils avaient presque tous été abattus. Pas le temps d'être inquiets. Les Japs nous avaient repérés et la flak avait ouvert le feu sur nous. Nous nous sommes rapprochés de plus en plus de la surface de l'eau. À ce moment, Ashley et Gogoj ont crié qu'un Zéro arrivait dans notre queue. Gogoj dans la tourelle a tiré dessus. L'enfer s'est déchaîné. J'ai entendu Gogoj hurler qu'il était touché et je l'ai vu tomber sur sa mitrailleuse. J'entendais les projectiles frapper les flancs du fuselage et près de la tourelle. Gogoj a glissé du siège de sa tourelle. Mon Dieu ! quel merdier ! son visage était maculé de sang II m 'a assuré qu'il n'était pas grièvement touché, juste quelques petites égratignures dues aux éclats de plexiglas de la tourelle qui avait explosé. Il s'est entouré la tête d'un morceau de tissu pour éviter que le sang ne coule dans ses yeux et il est reparti en rampant vers la tourelle. Je me suis alors glissé jusqu'au compartiment d'Ashley. Il soufflait terriblement et sa jambe ressemblait à un hamburger. J'ai tenté d 'appeler le Lieutenant Muri, mais l'interphone avait été coupé.
« Pendant ce temps, on s'était rapprochés du porte-avions. Nous volions très bas, en dessous du pont du navire. Maintenant, on recevait tout le plomb et l'acier qu'ils pouvaient nous tirer dessus. Même les gros canons des cuirassés pointaient pour tirer un obus devant nous de manière à nous faire percuter l'énorme colonne d'eau qu'il produisait en explosant. Nous étions tout près. Le Lieutenant Johnson dans le nez a ouvert le feu avec sa mitrailleuse. Les laps couraient partout sur le pont La fumée de la mitrailleuse de nez était si épaisse qu'on ne voyait plus Johnson. Moore a ajusté son viseur. La visée était parfaite, alors il a appuyé sur la détente. Il a appuyé, appuyé, appuyé encore pour être bien sûr: Le porte-avions semblait gigantesque maintenant. Moore a regardé Muri Il était tendu et des gouttes de sueur couvraient son front. II avait tant mordu sa cigarette qu'un bout pendait.

attaque des B-26 à midway
Pour l'amour de Dieu, Jim, redresse. Redresse ! Et à la dernière seconde, il a redressé. On est passés au-dessus du pont d'envol du porte-avions et on est redescendus au ras de l' 'eau. On avait fait notre boulot, mais serions-nous capables de rentrer ? Je suis allé à l'arrière pour m'occuper d 'Ashley. Pren m'a suivi. Il a regardé dans la tourelle de Gogoj et a failli s'évanouir à la vue du spectacle. Il y avait tant de sang qu'on pouvait croire que tout le visage de Gogoj avait été arraché. Gogoj lui a fait un petit signe de la main et il est allé voir Ashley Un Jap est arrivé sur nos arrières. S'agenouillant avec Ashley entre lui et la mitrailleuse, Moore à ouvert le feu. La mitrailleuse s'est enrayée et il ne pouvait tirer que quelques balles à la fois. Ashley  s'est mis sur le côté et passait les munitions à Moore quand il en avait besoin. Gogoj avait aussi des ennuis, car une de ses armes avait été détruite par les Japs et l'autre s'enrayait dès qu'il pressait la détente trop longtemps. Et, 14 à 100 mènes de lui, un Zéro volait en formation I II gardait son arme pointée sur le Jap et tirait chaque fois qu'il le pouvait. Muri a poussé les chaudières à fond et on a lentement commencé à décrocher le Zéro dans notre queue
Une heure plus tard, nous étions de retour, mais on a transpiré pour retrouver  'île. [...] Nous avons atterri avec un pneu crevé et avec seulement la moitié des freins. On a traversé toute la piste pour finir contre un talus. Quand on est sortis, les Marines étaient là pour nous saluer En quelques secondes, ils avaient emmené Ashley et Gogoj pour leur prodiguer les premiers soins. Un des Marines que je connaissais a couru vers moi et m 'a serré la main. J'ai appris par la suite que quand on est partis, il s'est agenouillé et a prié. [...] Nous étions le premier B-26 à revenir. Il y en avait deux de notre escadrille et deux d'une autre. On a attendu qu'ils se pointent. Peu près, un autre est arrivé, également avec un pneu crevé. Il n'était pas de notre escadrille. On a attendu, mais on n'en a pas vu arriver d 'autres. On n 'a jamais su ce qu'ils étaient devenus.
henderson

07h48 — L'attaque des Dauntless
Le Major Henderson, (photo au dessus) a décidé de diviser son escadrille en deux formations. Il a pris lui-même la tête de la première formation, composée de 16 Dauntless répartis en quatre sections de quatre. La seconde formation, confiée au. Norris, est constituée par 12 Vindicator divisés en trois sections de quatre. La formation de Norris est vite distancée par celle de Henderson, car les Dauntless s'avèrent beaucoup trop rapides pour les malheureux Vindicator.
Henderson s'adresse à ses pilotes par radio : « Attaquez les deux P/A par le bâbord de la proue ». Â la grande surprise des Japonais, les bombardiers qu'ils voient arriver volent trop haut pour une attaque à la torpille et trop bas pour un bombardement en piqué. Comme la plupart des pilotes ont une instruction insuffisante sur Dauntless, Henderson a décidé d'effectuer une attaque en semi-piqué depuis une altitude de 1 200 mètres. Une dizaine de Zéro se présente à leur rencontre, mais l'artillerie antiaérienne se déchaîne. L'appareil de Henderson encaisse plusieurs impacts et son aile gauche prend feu. Il tente de maintenir l'appareil en ligne de vol pour ne pas disloquer sa formation. Il n'y parvient pas et s'abîme en mer. Le Glidden. qui prend la tête de la formation, cherche refuge dans une couche nuageuse, sans pour autant que les Zéro n'abandonnent la poursuite.
Sortant des nuages, Glidden aperçoit un porte-avions 600 mètres plus bas. Les avions piquent jusqu'à une altitude de 150 mètres pour lancer leur bombe de 500 livres et s’enfuient au ras des vagues, pourchassés par les Zéro. Les huit survivants se posent comme ils peuvent sur la piste de Sand Island; six seront ferraillés par la suite. Les mécaniciens dénombreront 259 impacts sur l’avion du Lieutenant Daniel Iverson ! Les mitrailleurs arrière sont crédités de la destruction de quatre chasseurs japonais, deux autres leur étant comptés comme probables.
08h20 — L'attaque des Vindicator
Le Lieutenant George Lumpkin. qui vole en n° 2 derrière Norris, décrit l'attaque :
« Le Major Norris commença immédiatement son piqué depuis 4 000 m. Le piqué était fort peu accentué et mon tachymètre indiquait 430 km/h. Nous traversâmes la couche nuageuse. Je volais comme n° 2 du Major Norris et j'émergeai des nuages sur le flanc bâbord d'un gros cuirassé. Le Major Norris bascula aussitôt sur la droite dans un piqué très accentué. Le Lieutenant Campion, qui était n° 3. le suivit et, moi, je piquai en troisième position. La DCA du cuirassé japonaise était assez précise En fait, I 'air était tant agité par les explosions qu'il était pratiquement impossible de tenir le taxi dans un piqué à la verticale. Le cuirassé jap zigzaguait frénétiquement Je tentai de lancer ma bombe, mais le mécanisme ne fonctionna pas. Je redressai et mis le cap légèrement vers le sud afin d'éviter de passer trop près d 'un transport japonais qui suivait le cuirassé. ils me tiraient toujours dessus, probablement avec des obus de 71 »
Un autre pilote, le Lieutenant  Cununings, raconte la suite des événements :
« En raison des chasseurs japs Zéro qui m'entouraient, je n'ai pas vu le résultat de mon attaque. Pendant les 15 minutes suivantes, je n'ai rien eu d 'autre à faite que d 'essayer de me débarrasser de cinq chasseurs qui concentraient leurs tirs sur mot Dans ce petit jeu du chat et de la souris, qui était en fait mon initiation à la vraie guerre, mon avion a été pratiquement mis en pièces. J'ai finalement réussi à m 'échapper dans un nuage. Je suis rentré à Midway en braquant mon gouvernail à fond à gauche, mon aileron droit et mes élévateurs étaient hors d'usage et mes instruments fracassés. À 8 km de Midway, je suis tombé en panne d'essence et j'ai dû amerrir en urgence. »
Ainsi s'achéve l'attaque matinale des avions de Midway. Sur les 37 appareils engagés, pas moins de 18 ont été abattus,  50% de pertes, pour des résultats négligeables. Mais le bain de sang est loin d'être terminé pour les Américains.

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Bataille de Midway